« A quoi servent les bandes du climat que ce club pro arbore sur son maillot ? » – 20 Minutes
©️ Christian Peoc’h
Les joueurs et joueuses du REC Volley afficheront la réalité du réchauffement climatique à Rennes lors de leurs matchs
Le club rennais du REC Volley est le premier en France à afficher les bandes du climat sur son maillot.
Mises au point par le climatologue britannique Ed Hawkins, ces bandes de couleur montrent la hausse des températures enregistrées sur notre planète.
Derrière cet affichage, le club espère sensibiliser son public et changer ses pratiques, notamment en limitant son empreinte carbone.
A première vue, on pourrait penser qu’il s’agit d’un code-barres tricolore. Floqué sur la manche des maillots des équipes premières du Rennes étudiants club Volley, cet étrange design témoigne pourtant une réalité bien plus inquiétante. Mises au point par le climatologue britannique Ed Hawkins, ces warming stripes illustrent la réalité du réchauffement climatique sur notre planète par des bandes de couleur. La saison dernière, le club professionnel de football Reading avait été le premier à s’emparer des fameuses « bandes du climat » pour sensibiliser à la hausse des températures. Une idée qui a inspiré le club professionnel de volley de Rennes, qui sera le premier en France à les arborer sur ses maillots cette saison. Pour sensibiliser mais aussi agir.
Diffusées pour la première fois en 2018, ces bandes du climat permettent de vulgariser la réalité du réchauffement climatique en présentant la moyenne des températures d’un territoire par le biais d’une couleur. Du bleu froid au début du XIXe siècle au rouge ardent des dernières années brûlantes que la planète a connues. Plaqué sur la manche des maillots des équipes masculines et féminines, le dessin a été réalisé spécialement à l’échelle de Rennes.« Les conséquences du réchauffement climatique sont concrètes ici. On a eu plus de 40 degrés enregistrés en 2022. C’est une réalité qui va avoir des répercussions sur la pratique sportive. Si on ne change rien, il faudra sans doute faire avec deux mois de sport en moins », prévient Nathalie Guitton. La présidente du REC Volley a pu compter sur l’expertise d’un bénévole du club pour mener à bien ce projet. Ce bénévole, c’est Matthieu Orphelin, ancien député écologiste qui a longtemps travaillé pour l’Ademe. Fin septembre, certains députés écologistes avaient arboré les fameuses bandes dans l’hémicycle pour alerter le gouvernement.
Un bilan carbone plombé par les déplacements des joueurs et supporters
Engagées en deuxième division, les deux équipes rennaises ne se contenteront pas d’arborer des rayures de couleur pour montrer leur engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Tout au long de la saison, joueurs et joueuses multiplieront les efforts pour limiter l’impact de leur activité sur la planète. « Nous avons calculé que le bilan carbone de notre seule équipe masculine était de 140 tonnes de CO2 par an, dont les deux tiers en raison des déplacements des joueurs et des supporteurs. On se doit d’agir », constate Eric Hallé, manager du club rennais.
En discutant avec leurs adversaires, les volleyeurs bretons ont réussi à caler deux matchs (dont un en retard) à Montpellier et Martigues en quelques jours, afin de s’épargner un aller-retour. « Nous pourrons voyager en train et rester deux jours sur place, plutôt que de prendre l’avion », assure le coach Olivier Bouvet.
Pas de « char à voile » pour les volleyeurs
Un choix qui tranche avec les déclarations de Christophe Galthier, qui avait ironisé sur le fait de faire voyager son équipe du PSG « en char à voile » plutôt qu’en jet privé. Les stars parisiennes avaient été largement critiquées pour avoir pris un Boeing privé pour un déplacement à Nantes. « Franchement, on peut bien prendre le train, c’est plus confortable, surtout quand on mesure deux mètres », glisse dans un sourire Philippe Tuitoga. L’imposant capitaine du REC n’a cependant rien pu faire pour convaincre la ligue de volley de grouper des matchs certains week-ends pour limiter le nombre de déplacements. « Nous avons essayé mais ça nous a été refus », reconnaît le manager. « Si on ne pense qu’à notre confort, on ne fera rien. Évidemment, ça passera par des sacrifices mais tout le monde y a un intérêt », embraye la présidente Nathalie Guitton.
Au-delà des actions du club, les joueurs et joueuses espèrent capitaliser sur leur rôle d’ambassadeurs pour faire passer la bonne parole. Des tarifs réduits seront par exemple proposés aux spectateurs ayant utilisé leur vélo ou les transports en commun pour venir aux matchs. « C’est aux générations nouvelles de s’emparer de ce sujet. Nous avons une équipe jeune et engagée. Je pense que ce sera plus facile pour nous de véhiculer ces messages auprès des plus jeunes », estime Vadim Koné, pointu de l’équipe phare du club. Le très chaud mois d’octobre nous rappelle qu’il y a urgence à protéger nos enfants.
20 Minutes – Camille Allain